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07/09/2018

Anne Malaprade, notre corps qui êtes en mots

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Blonde. Il y a le miel et la confiture, l’acacia et les mûres, les mirabelles et les framboises, le théâtre et le cinéma, l’ordre de l’esprit et celui du cœur, géométries et finesses conjointes. Les pépins frottent et grattent : cachés, semés, recouverts, les noyaux déclinant renaissance. Je dors encore contre toi, mère-sœur, comme les premiers jours dans ce berceau transparent. L’une coule, l’autre pique. Je donne ma main, tu la retires. Mon père est ce héros lointain avec lequel se joue une première séduction. Voitures, ballons, coiffures, vernis. Tout ce qui entoure, cache, aimante. Je pense aux morts de la Méditerranée. Je pleure avec les enfants qui jouent sur les ordures. Celui qui a le bras cassé parle déjà de vengeance armée.

 

Anne Malaprade, notre corps qui êtes en mots, isabelle sauvage, 2016, p. 51.

01/06/2018

Anne Malaprade, parole, personne

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                        Corps publié

 

« une ancienne et très vague mais jalouse pratique »

 

touts et toutes reconnaissent, les faunes

à travers le feuillage lisent

et déchirent, ils se nourrissent de ce que

les mots progressent sous la peau

 

ce cauchemar au cours duquel les fourmis nageaient sur

l’expression sanguine

je consens à coagulation ne donne âme sans corps

 

tous et toutes évoquent les oiseaux, la glace sur feu

une musique russe module le temps des cerises et je suis

moqueuse

merle noir court sur tes lignes

 

un corps en soie dont l’odeur entête nos vêtements

les élèves coulent l’ennui fleuve j’y jette ce que le rose doit à la rose

tous les mots pour un corps

 

tous et toutes jouent leur travail de malice

ma lecture sans aucun doute incapable puis coupable

 

Anne Malaprade, parole, personne, isabelle sauvage, 2018, p. 83.