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07/08/2017

Louis Wolfson, Le Schizo et les Langues

  

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   En conséquence de certaines réflexions plus ou moins irrésistibles, l’étudiant d’idiomes se disait fréquemment : « Je suis fou ! » Parfois ça se passait après qu’il n’avait pu apprendre pendant des heures que plutôt piteusement peu dans ses études de langues ; ou peut-être il s’accusait, malgré sa maigreur extrême, d’avoir mangé trop, ayant été atteint d’une espèce de boulimie ; souvent c’était le repentir de s’être livré à un de ses tics, comme l’arrachement de poils croissant dans quelques grains de beauté sur son visage.

   L’aliéné se dirait, à ces moments-là, involontairement et en sa langue naturelle : « I’m mad ! » ce qui, bien sûr, signifie : je suis fou ! et qui se prononce : aïm (le a de la diphtongue est bien plus fort que l’i ouvert et bref) maed (la voyelle est entre é et a antérieur). Il se disait cela en effet quelque machinalement et en lui-même tout en ayant une idée vague que ce reproche de lui-même l’aiderait d’une manière quelconque à éviter de mauvaises habitudes à l’avenir et même à améliorer son état d’incapacité.

 

Louis Wolfson, Le Schizo et les Langues, préface de Gilles Deleuze, Bibliothèque de l’inconscient, Gallimard, 1970, p. 208.

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