18/07/2017
Umberto Saba, Il Canzoniere
Le dernier amour
Que me faudrait-il pour être heureux ?
Une petite chambre, mais avec un feu allumé
deux tasses, deux petites tasses,
l’une pour toi, l’autre pour moi, Paolina ;
et adoucir de tes baisers l’amertume
de la boisson. O ma toute petite écoute :
je ne te verrais durant quelques jours, je crois,
que rarement et furtivement. Et tu ne voudrais pas
d’abord une fois, une seule fois, ce
qu’à l’oreille je t’ai dit, et toi,
levant sur moi une main qui dans son geste
fut de baisers punie et recouverte,
tu m’as répondu « coquin » ; et contre ma poitrine
tu cachais, en riant, ta petite tête.
Tu ne veux pas, Paolina ? que je conserve
un souvenir de toi, si doux si doux, que mon cœur
à ce souvenir défaille, et que ce soit
la dernière fleur que j’aurai cueillie parmi les vivants.
Umberto Saba, Il Canzoniere, L'Âge d’Homme, 1988, p. 197.
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