Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/05/2017

Boris Pasternak, L'an 1905

                     Pasternak.JPG

           L’an 1905

 

Dans notre prose pleine de laideur

Dès octobre, l’hiver se glisse.

Le rideau du ciel de ses franges

Vient frôler la terre.

 

Prémices de neige, confuse encore,

Encore subtile, troublante comme un message,

Dans la nouveauté céleste de ce jour

Révolution, tu es là tout entière.

 

Jeanne d’Arc des bagnes de Sibérie,

Captive et chef, tu es de celles

Qui se jetaient dans le puits de la vie

Trop ardentes pour mesurer leur élan.

 

Socialiste du crépuscule tu faisais jaillir la lumière

En battant des monceaux de briquets

Tu sanglotais, et ton regard de basilic

Nous illuminait et nous glaçait à la fois.

 

Absorbée par le grondement des champs de tir

Qui là-bas, au loin, s’éveillaient

Tu faisais vaciller les feux dans la solitude

Comme si la rue tournoyait autour de ta main.

 

Et dans l’égarement des flocons noceurs

Toujours le même geste fier de refus

Tel un artiste rongé par le doute

Tu t’écartes des triomphes.

 

Tel un poète, la pensée consumée,

Tu marches pour oublier.

Tu ne fuis pas seulement les gros écus

Mais tout le mesquin te répugne aussi.

 

Boris Pasternak, L’an 1905, Debresse, traduction

Benjamin Goriely, 1958, p. 27-28.

Les commentaires sont fermés.