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01/05/2017

Fernando Pessoa, Le violon enchanté, écrits anglais

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               Le Pont

 

Répands sur moi comme rosée

   Des baisers, et ce sera le matin

À travers mon esprit émergeant du sommeil.

   Mon chef courbé, grisonnant, orne-le

De laurier, que je puisse apercevoir

   Mon ombre couronnée et sourire même l’âme endeuillée.

 

Bien que mon chef soit incliné,

   Tes pieds, chaussés d’espoir,

Passent et son éloquents

   En ce sens qu’ils n’ont pas de cesse.

Quelque part dans l’herbe ils se mêlent

   À cette part de moi qui est en quête de vérité.

 

Soyons amants, oh oui !

   Par-delà toute concorde charnelle,

Amants dans un style nouveau

   Qui n’a besoin de mots ni de regards.

Ainsi abstrait, notre amour peut

   N’étant pas nôtre, n’être qu’une vague brise d’Être Pur.

 

Fernando Pessoa, Le violon enchanté, écrits anglais, Christian Bourgois, 1992, p. 197.

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