16/11/2014
Étienne Faure, Vues prenables
Le temps travaille trop, on est déjà dimanche
ce matin en ouvrant la fenêtre,
il neige en silence, les rues sont d'antan ;
de la ville, la rumeur est absente,
c'est la neige ou la nuit en son cœur qui l'interrompt
— ou la mort, insistante à sonner l'heure,
qui ponctue plus sonore les rêves.
Tout remonte en mémoire, les petits vieux
revenus naguère estropiés, claudiquant,
plusieurs balles dans la peau, des idées
fixées désormais sur les hommes,
qui le dimanche à des poulbots sans église
tendaient des gâteaux, biscuits à la cuiller
trempés dans du vin, leur donnant
sans le savoir le goût du rouge.
Aidés d'un peu d'alcool ensuite ils mourraient
un après-midi dansant
entre les bras d'un fauteuil qui connut leurs étreintes
dimanche, entre deux guerres.
le goût du rouge
Étienne Faure, Vues prenables, Champ Vallon, 2009, p. 79.
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