22/07/2013
Jean Tardieu, Accents
Premier dernier amour
Tout est mort. Même les désirs de mort
Sont morts. Ce qui grandit est sans figure.
Les mains, les yeux, — déserts. Toute mesure
S'effondre après ce feu qui brise un corps.
Rien — ni espoir ni doute — n'ouvre plus
La porte où le soleil vient nous attendre.
Les fruits profonds, par l'orage abattus,
Sont morts : l'esprit possède enfin leurs cendres ;
Avide, — seul, — et maître d'une nuit,
Où le ciel pleut, où le mouvement plonge,
Où, sur l'objet qu'il efface, bondit
L'appel sans voix qui confond tous nos songes.
Jean Tardieu, Accents, Gallimard, 1939, p. 35.
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