15/06/2013
André Frénaud, Les Rois mages
Paris
à Jean Follain
Gâtée par le soleil tout à coup,
la façade pousse un rire frais.
Pignons où s'emmêlent
des rêves de plusieurs âges.
Tant de patientes imaginations
sur l'avenir des filles, différant
de la réalité de leur avenir,
passé maintenant
avec les filles de leurs filles,
et les ducats et les louis
sont devenus papier monnaie.
On ne porte plus la fraise à l'espagnole,
ni plumes d'autruches ni le chinchilla.
Le vin a été bu par les nouveaux locataires.
On a changé les lustres à pendeloques,
le chaudron, la couleur des cheveux...
La chevelure magnétique du sommeil,
méduse haletante à mille feux de serpents.
Visage net au matin, bonjour mon époux.
Ravalement, avalisant
l'amère joie de vivre
dans les jours quotidiens qui nous trompent
encore demain.
Façade,
à cet instant bleue et rose.
André Frénaud, Les Rois mages[1977], suivi de L'étape dans la clairière [1966], Poésie / Gallimard, 1907, 57-58.
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