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16/06/2013

Jacques Dupin, Une apparence de soupirail

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[...]

   Les nuages traversent la chambre au delà des cimes qui nous retiennent. La chambre abandonnée aux nuages... Les nuages laissés à la mer...

 

   Une vieille sur son séant, toutes ses forces regroupées en un seul fil, de laine rouge... Elle ajuste le point de crochet, à l'infini, simplement. Du nœud de ses phalanges grises, à l'écoute de l'intensité...

 

   Le sentier de montagne, le simple, le nu... Imprégné de la couleur du ciel. Le sentier perdu. Effacé... S'écrivant à travers les flammes. Tourneboulant la frayeur subite des chevaux...

 

   Le vent souffle dans l'oreiller  que ta nuque écrase. Le même vent qui m'exile. La lumière qui te soustrait. Notre bouche s'emplit de boue.

 

   Des herbes et des nombres, blessés, la musique s'empare. Les arbres sont à l'abandon. Ta cuisse s'éteint longuement. Dans mon sommeil. Sous les arbres.

 

   Frappant la pierre, le basalte de ma naissance, — l'orgue réfractaire. Frappant ingénument. Absurdement. Lapidant la lumière...

   Je n'ai de forces que pour dormir. Dormir entre les coups de la masse et mes tempes de pierre.

[...]

 

 

Jacques Dupin, Une apparence de soupirail, Gallimard, 1982, p. 70-75.

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