31/03/2013
Jean Grosjean, Une voix, un regard (textes retrouvés, 1947-2004)
Apriliennes
Entendre
La voix qui s'est tue
on l'entend encore
sous le bruit des rues,
dans le son du cor.
Le ciel du matin
éclaire des pas
qui marchent très loin
et qu'on n'entend pas.
Puis c'est le soir qui
marche sur des prés
dont la brise essuie
un reste d'ondée.
La violette
Le soleil en manteau d'or
s'était mis à redescendre.
La colline en robe à fleurs
faisait semblant de l'attendre.
La violette au bord du bois
se cachait pour qu'on la voie.
Quand le soleil s'est penché
pour lui respirer le cœur
les oiseaux n'ont plus chanté
de peur d'éventer l'odeur.
Le vieux verger
Les coteaux encerclent le verger. Le soleil a fini par les connaître : il surgit un matin d'un point, le matin suivant d'un peu plus loin et chaque soir il s'en va par une passe différente. Le verger s'en est bien aperçu : il y a longtemps que le vieux verger observe le vieux soleil.
Jean Grosjean, Une voix, un regard (textes retrouvés, 1947-2004), édition de Jacques Réda, préface de J.M.G. Le Clézio, Gallimard, 2012, p. 102, 106-107, 110.
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