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21/03/2013

Georges Limbour, Soleils bas

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           Les bergers sans moutons

 

                                                            à Max Jacob

 

Nous sommes d'un pays

qui n'a pas d'arbres fruitiers

Nos mains ont pressé le lait

du sein de la cornemuse

Nos cœurs saignent dans les mûriers

pourquoi nos sœurs sont-elles laides

si les légendes nous abusent

 

Nous clouons les papiers blancs

des bouquetières du midi

sur les croix des cerfs-volants

aux migrations indéfinies

À ces cœurs mal équilibrés

toute la plaine se suspend

en avant-garde ils guideraient

des peuplades d'ambulants

 

Herbes rases séchées sans même de troupeau

Vous fleurissez très haut vos cœurs vains de papier

Trainant comme un regret leur queue de bigoudis

qui n'ont dans le sommeil frisé de chevelure

en ce morne pays rongé de roussissures.

 

Notre vie est penchée ainsi que des fumées

nos gestes de sonneurs n'énervent pas le ciel

Tels des bouquets noyés nos cerfs-volants dérivent

et le monde paraît les suivre.

 

Georges Limbour, Soleils bas, suivi de poèmes, de

contes et de récits (1919-1968), préface de Michel Leiris,

Poésie / Gallimard, 1972, p. 23-24.

 

 

 

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