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05/02/2024

Max Jacob, Le laboratoire central

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            Thème de l’illusion et de l’amour

 

Les chiens d’un certain Actéon

Ne dévoreront pas leur maître ;

Ils le feraient des vagabonds.

 

Existence paradoxale que la lune fait naître,

Sur les pelouses du château

Non ! ce ne sont pas des joyaux

Sur les chiens et les paillassons

Mais des gouttelettes du jet d’eau.

 

Le danseur : ) un zeste de citron –

Poursuit Dane au jeu de cache-cache

Les fenêtres qu’on dépassa l’éclairait en grêle malgache.

 

Ilote ! oh ! maigre lot ! les pompes du soleil !

Pour donner aux oiseaux le signal de l’hiver

Voici la lune ! sors donc en ouvrant ton ombrelle

De ce muscat, raisin en clocher de chapelle.

Le masque de Basile était un masque nègre

Blanc, le côté d’amour ! l’autre côté vinaigre.

 

Max Jacob, Le laboratoire central, dans Œuvres,

Quarto/Gallimard, 2012 ; p. 594.

30/03/2021

Max Jacob, La laboratoire central

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Accès de vue perspective

 

Vue en montagne d’une maison blanche à tourelles.

C’est la nuit ! il y a une fenêtre de lumière,

Il y a deux tourelles, deux tourterelles de tourelles

Derrière la fenêtre et dans la maison

Il y a l’amour et sa lumière de feu !

Il y a l’amour à foison, à ailes, à éloquence

Au troisième étage de la maison

Au troisième étage de la maison dans une autre chambre

Chambre sans lumière, il y a un mort

Et toute la douleur de la mort

La moisson de la douleur,

Les ailes de la douleur

L’éloquence de la douleur

Vue perspective d’une maison blanche à tourelles.

 

Max Jacob, Le laboratoire central, dans Œuvres, 2012, p. 565.

05/06/2016

Max Jacob, Le Laboratoire central

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Véritable petit orchestre

 

(Partie descriptive)

 

Houlettes du Grésivaudan

Sur le sol glacé des prairies

Les souliers mordorés près des fleuves

Rochers ou les barquettes des bergers

 

(Partie musicale)

 

Saint sein ! vive le sein !

Vive le vin divin du Rhin

Où Chio ? ou Ténédo ? louez l’Ohio.

Point ! Point ! Point !

L’auto miaule, pioupiou piaule

Marabout l’allume

L’allume à la lune.

Je vais faire la niche

La niche aux péniches

Point ! Point ! Point !

Bout des coussins des marsouins.

Point ! Point ! Point !

Pape ! papal ! pape alors à l’or.

Point ! Point ! Point !

Élie ! Allah ! Alain !

Tiens ! il neige ! zut.

Le rat pose beaucoup de plumes.

 

(Partie philosophique)

 

Unanime j’aime et rode

Nature sous la neige imperturbable

L’habitude du danger rend les hommes prudents

         Et le femmes téméraires.

 

Max Jacob, Le Laboratoire central, dans Œuvres,

édition Antonio Rodriguez, préface Guy Goffette,

Quarto/Gallimard, 2012, p. 606.

30/11/2012

Max Jacob, Le Laboratoire central, Les Pénitents en maillot rose

Pour saluer la publication des Œuvres de Max Jacob en "Quarto" (Gallimard), suite

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                                               Max Jacob par Modigliani


      Le testament de la biche

 

Quelle forêt ! poudre de rose !

Le ciel est couleur de vin blanc.

Et sur le ciel vin blanc se pose

Chaque branche comme un cheveu.

C'est comme si'il n'y avait jamais eu de vent.

Comme si tout était parent

Fille ou neveu.

Comme si les arbres montaient à cheval frère à frère

Ainsi sur une estrade les vaches se font traire.

Et aussi comme si avec des chiffres de millions

On faisait difficilement une division

Ainsi vont les arbres feuillus, roses dans l'air.

Aubade ! aubade ! ô faon né du flanc de la mère

La bivhe est morte en te mettant sur terre

Et tes yeux, deux boules de jais, des yeux de verre

Sont moins émerveillés par la forêt en l'air

Que par la patte agonisante

Qui se pose sur un papier à lettres,

Le papier à en-tête de la maman

« Ceci ! ceci est ! ceci est mon testament. »

 

Max Jacob, Le Laboratoire central, dans Œuvres, édition établie, présentée et commentée par Antonio Rodriguez, Préface de Guy Goffette, Quarto / Gallimard, 2012, p. 608.

 

 

                                      Nocturne

 

Sifflet humide des crapauds

bruit des rames la nuit, des rames...

bruit d'un serpent dans les roseaux,

d'un rire étouffé par les mains,

bruit d'un corps lourd qui tombeà l'eau,

bruits des pas discrets de la foule,

sous les arbres un bruit de sanglots,

le bruit au loin des saltimbanques.

 

Max Jacob, Les Pénitents en maillot rose, dans Œuvres, édition établie, présentée et commentée par Antonio Rodriguez, Préface de Guy Goffette, Quarto / Gallimard, 2012, p. 679.