16/01/2012
Jean-Luc Sarré, Comme si rien ne pressait, Carnets 1990-2005
Le luxe, c'est-à-dire les arbres et le silence mêlés.
J'ouvre la fenêtre pour aérer la chambre et c'est le bruit qui entre.
Il fait beau. (Complète qui voudra.)
(N') être chez soi nulle part.
Plaisir de se taire. Aujourd'hui, je n'ai pas dû prononcer plus de trente mots.
Pourquoi ces notes alors que le monde, la plupart du temps, me semble non pas tel que je le dis mais tel que je le tais.
Je suis amoureux du silence. S'il m'arrive de le rompre en parlant, c'est qu'il ne me donne pas toujours ce que j'attends.
Ils furent nombreux à vouloir m'apprendre à vivre mais j'étais un vrai cancre.
« Vivre c'est prier, aimer, vouloir » écrit Amiel dans son journal. Je savais bien que je ne vivais pas.
Vas-y, monde, parle, je t'écoute ! et le bruit d'un moteur me parvint.
Je n'ose jamais citer Joubert, trop aérien pour moi, trop pur. Je crains de l'abîmer en le saisissant ainsi, au vol, si tant est que je le puisse.
Pourquoi me suis-je un jour mêlé d'écrire alors que c'est aux paysages, à leurs couleurs, que je fais appel lorsque je perds pied ?
Jean-Luc Sarré, Comme si rien ne pressait, Carnets 1990-2005, Chêne-Bourg, La Dogana, 2010, p. 15, 20, 22, 25, 33, 35, 39, 46, 59, 61, 73, 79.
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