24/01/2015
Juan Gelman, Vers le sud et autres poèmes, traduction Jacques Ancet
S'éveiller
ces poèmes que tu as écrits hier
tournent dans la chambre/ils ne
brillent pas comme ilsbrillaient dans la nuit/
dressés nus/comme des délires à venir/
ils ont beau marcher ils ne vont pas arriver dans ton pays/
ton pays c'est cette chambre pleine de ton pays/
une carte de ton pays est collée au mur/
bonjour te dit-elle chaque jour/vieille
est la pierre où assis attend l'espoir/tristes
les poèmes d'hier/tu regardes la carte
qui est seule et que frappe l'océan/tandis
que le poème du magnolia a les feuilles qui sèchent/
le poème du moineau ne vole plus/
les astres sont partis du poème du ciel/
le poème d'amour a froid/
et
tu trembleras dans la chambre qui s'est emplie de soir/
et plus tard elle s'emplira de nuit/
et tu tourneras comme un petit oiseau
avec son envol sous le bras/
à carmelo
Juan Gelman, Vers le sud et autres poèmes, traduction
et présentation Jacques Ancet, Poésie/Gallimard,
2014, p. 236.
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