10/08/2013
André Frénaud, La Sainte Face
Bon an, mal an
Bon an mal an,
bon gré mal gré,
bon pied bon œil,
toujours pareil,
toujours tout neuf,
c'est toujours vrai,
c'est toujours vain,
ça persévère,
ça s'exaspère,
ça prend son temps,
ça va briller,
ça s'inscrira,
indescriptible,
perdu ravi,
malheur gaieté,
le pour le contre,
la fin la suite,
commencement,
flamme épineuse,
contour changeant,
la mort qui tousse,
qui se ravive
au goût du vif,
la mort, la joie,
m'épuisant à rire
dans cet hôtel jaune,
dans ce lit de fer,
éclairé jusqu'où,
feuille tombée vivante
d'un sommeil sans rêve
au milieu de toi,
promesse souterraine,
pousse nourricière,
douce comme le bleu.
Marseille-Lyon, 14 mars 1949
André Frénaud, La Sainte Face, Poésie /
Gallimard, 1985 [1968], p. 165-166.
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30/07/2013
Robert Duncan, La profondeur du champ
Tenir la rime
Par accent et syllabe
Par changement de rime et de contour
le vers long à la cadence bizarre atteint sa période même.
Le vers court
nous raffinons
et vouons à la candeur.
Nous nous en souvenons
la braise de la flamme
prend le mot dès lors qu'il s'entend
(« Nous devons comprendre ce qui se passe »)
et surgit au désir,
air
à la justesse de l'oiseau.
C'est la bûche du solstice d'hiver qui réchauffe décembre.
C'est l'herbe neuve qui surgit de la terre.
Robet Duncan, L'ouverture du champ, traduction Martin Richet,
éditions Corti, 2012, p. 110.
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