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12/07/2025

Camille Loivier, torii

                                                  Camille Loivier, torii, sacrifice, interdit            

 

tout cela n’est peut-être arrivé que par amour. Un amour blessé qui préférait mourir

 

l’enfance est à l’âge des contes, des légendes et des mythes, elle en a la force, l’aveuglement

 

je suis prête à tout pour reconquérir le cœur de delle qui m’apporte un bonheur plus grand que moi

 

un amour prêt au sacrifice pour ne pas déchoir, pour obtenir, posséder, garder le cœur de l’aimée, unique, à soi,

 

pour cet amour seul j’existe, si tôt venue à lui, la passion va jusqu’au désespoir

 

amour incompris, impossible, je suis tellement dedans, dans sa force, que j’en oublie la ligne de démarcation entre la vie et la mort. Elle semble abstraite comme une ligne droite dans un livre de géométrie

 

Camille Loivier, torii, Isabelle sauvage, 2025, p. 125.

11/07/2025

Camille Loivier, torii

                                        camille loivier, torii, conversation

Ce ne sont peut-être pas des dahlias, ces grosses têtes de fleurs plus grandes que moi, qui me regardent et me parlent, à qui je réponds avec naturel, sans aucune hésitation. Nous bavardons côte à côte, assise sur la dernière marche de l’escalier de pierre recouvert de lichen. Nous parlons de vent et de la lumière. J’ai gardé le souvenir distinct de nos conversations à bâtons rompus, l’eau qui manque, la chaleur étouffante de midi. Notre tête est une fleur, disaient-elles, les pétales protègent le cœur qui est un ventre rempli de graines que le soleil va porter lentement à maturité. J’ai ensuite coupé les têtes un peu flétries, je les ai effeuillées après m’être adressée à chacune. Nous étions d’accord sur tout, nous n’avions peur de rien.

 

Camille Loivier, torii, isabelle sauvage, 2025, p. 53.

10/07/2025

Camille Loivier, torii

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les écureuils traversent d’un jardin à un autre, transfrontaliers grâce aux arbres dont les branches se rejoignent par-dessus les murets, ils vont du passé au présent car chaque jardin contient une tranche de temps. La strate la plus ancienne où je sais qu’ils se retrouvent me fait les envier. Ils côtoient un temps que je n’ai pas vécu, cachent des noisettes là où des souvenirs qui ne m’incluent pas me préoccupent. Ils peuvent aller et venir dans le temps avec l’aisance d’une qui écrit, qui se balance d’avant en arrière. Qui, dans les lignes qu’elle trace, avance puis recule.

 

Camille Loivier, torii, isabelle sauvage, 2025, p. 47.

 

09/07/2025

Camille Loivier, torii

                      Unknown-6.jpeg

si les sonorités des chants d’oiseaux m’ont éloignée de ma route bordée de murets longs et étroits, au moins aurai-je écrit, au moins cette durée vaine de vivre aura été comblée par cette écriture qui n’a pas plus de sens que les tracés des vers de bois sous l’écorce desquamée qui me semblaient une écriture des temps reculés, quand les humains n’étaient pas encore des humains, et qu’ensuite je n’ai fait que penser à cette écriture des vers sur le bois, je me suis résignée à l’écouter, à la retranscrire, à refuser son silence et son insignifiance, à espérer qu’elle retienne notre mémoire

 

Camille Loivier, torii, isabelle sauvage, 2025, p. 45.