Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2021

Peter Altenberg, Esquisses viennoises

a45f4891d935cceec7ac56e3b89924b1v1_max_635x357_b3535db83dc50e27c1bb1392364c95a2.jpg

[...] La plupart du temps cela donne : « Savez-vous ce que dit le célèbre - - - ? » ». Mais personne au monde ne connaît ce nom-là. Et d’ailleurs personne n’est curieux de savoir ce qu’a dit le célèbre - - - , de toute façon ce serait quelque chose d’irritant, dicté par d’autres points de vue.

 La mère considérait ces citations, que le père prenait dans la Revue, comme une mauvaise habitude, comme renifler ou pire encore - - - ». Le fils, lui, pensait : « Derniers mouvements d’ailes d’un vieil oiseau fatigué, laisse donc faire - - - . Serais-tu le comte Mirabeau ?! »

« La soupe est comme elle est - - - » pensait la mère. Elle coûte assez cher et la génération précédente se portait bien. Je ne vois pas le résultat de toutes vos histoires. Maintenant vous êtes obligés d’aller tous les ans chez le dentiste - - - . Une soupe doit être chaude - - - » .

Il y eut ensuite le filet avec différents légumes, masse blanche peu appétissante, du chou-fleur, une sorte de purée glauque, de petites carottes tendres, pointues et rougeâtres, et des pommes de terre râpées à la machine et bien dorées. Le tout ressemblait à un parterre de fleurs.

 

Peter Altenberg, Esquisses viennoises, traduction Miguel Couffon, Pandora / Textes, 1982, p. 119.

10/12/2015

Daniil Harms, Le Samovar

    arton16-fa99c.jpg

Les chats

 

Un jour, d’un joyeux pas,

Je revenais chez moi.

Soudain, je vois des chats,

Qui m’tournent le dos, ma foi.

 

Je crie : hé-ho, les chats !

Ne restez pas comme ça,

Suivez-moi de ce pas,

Je vous amène chez moi.

 

Suivez-moi donc, les chats,

Je vais vous mitonner

De suite un fameux plat,

Il y aura du soufflé.

 

Mais non ! répondent les chats,

On préfère rester là !

Les voilà donc assis,

Aucun ne m’a suivi.

 

Daniil Harms, Le Samovar, édition bilingue,

traduit du russe par Eva Antonnikov, Héros

Limite, 2015, p. 31.