21/03/2019
Joseph Joubert, Carnets, I
C’est le genre humain en corps qui invente les arts. Tous sont fils des expériences que les sociétés se sont transmises et des besoins communs à tous.
Les célèbres, les illustres parmi nous sont ceux qui excellent, non pas dans quelque science, mais dans quelque science à la mode.
Ils aiment mieux qu’on le leur donne à croire qu’à comprendre.
Enfants. Ont plus besoin de modèles que de critiques.
Joseph Joubert, Carnets, I, Gallimard, 1994, p. 258, 270, 325, 332.
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05/10/2016
Pierre Bonnard, Observations sur la peinture
Si c’est harmonieux ce sera vrai — couleur, perspective, etc. Nous copions les lois de notre vision — non les objets.
Tout l’effet pictural doit être donné par des équivalents de dessin. Avant de mettre une coloration, il faut voir les choses une fois, ou les voir mille.
La peinture ou la transcription des aventures du nerf optique.
Dans l’exécution pas de perfectionnements. Il n’y a que des bouleversements.
Le modèle qu’on a sous les yeux et le modèle qu’on a dans la tête
Pierre Bonnard, Observations sur la peinture, L’Atelier contemporain, 2015, np.
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15/03/2014
Philippe Jaccottet (2), L'Obscurité, dans Œuvres
Chemin faisant, l'esprit troublé autant par la curiosité que par l'inquiétude, je ne pus m'empêcher de songer aux circonstances dans lesquelles j'avais rencontré pour la première fois l'homme que je craignais presque, maintenant, de revoir. Le rayonnement de son intelligence était alors si grand que beaucoup le recherchaient pour faire de lui leur conseiller ou leur compagnon. Moi, très jeune encore dans cette grande ville où je ne voyais qu'un chaos de passions et de pensées tout ensemble attirantes et redoutables, attentif à ne pas m'y perdre, je m'étais imaginé, sur ce que l'on disait de lui, qu'il pourrait m'aider. Je ne voulais lui demander que de mettre un peu d'ordre dans la multiplicité des tentations qui m'assaillaient, des possibilités qui s'ouvraient devant moi ; j'étais de ces prudents à qui il faut tracer une voie, faute de quoi ils se croient bientôt perdus. Du moins puis-je me reconnaître le mérite d'avoir voulu que cette voie fût la plus juste, au risque de la trouver malaisée.
J'avais donc appris qu'une cérémonie discrètement officielle était organisée pour consacrer la réputation de cet homme que je ne connaissais encore que par elle. Je ne voulais me laisser arrêter par ce que je prévoyais qu'une telle manifestation pourrait avoir de théâtral ; je chercherais seulement à deviner si cet homme avait vraiment un secret, si l'éclat dont était entouré son nom n'avait pas sa source hors de lui, comme c'est trop souvent le cas, mais vraiment dans son cœur. La crainte de la foule, de m'y mal comporter, s'ajoutant à une attente presque avide, avait failli m'ôter le courage, au dernier moment, de pénétrer dans l'immeuble où je savais qu'aurait lieu la soirée.
[...]
Philippe Jaccottet, L'Obscurité, dans Œuvres, préface de Fabio Pusterla, édition établie par José-Flore Rappy, Pléiade / Gallimard, 2014, p. 179.
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