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15/10/2011

Étienne Faure, Légèrement frôlée

Étienne Faure, Légèrement frôlée, les mots, le flâneur

La blessure que reçut

hier le fruit

gagne

ainsi qu’une gangrène au mois d’août mille neuf cent

dix-huit ou quarante-trois

après la classe inspirant ce chagrin d’automne

comme on rentre à pas lent, une pomme

à couteau dans la poche

ou mains en l’air

devant l’ennemi criant ce mot d’arrière-saison

schnell, après guerre

longtemps fut le cri des enfants

dans leurs yeux, où l’un gagne,

hâte le pas — ce mot

d’une époque obsolète, abîmée,

blette.

 

des mots s’abîment

 

 

N’importe quel talus suffit

pour faire un somme,

une oreille à l’avers du ciel,

l’autre enfouie, à l’écoute

d’insectes dérangés,

toute la hiérarchie dans l’herbe établie qui s’affole,

insulte en langue verte et se promet

de s’insurger plus tard (le reste est inaudible) ;

car le dormeur

aussi longtemps qu’on rêve en toute impunité

à mâchonner des mots extraits de la fétuque,

expertise avec soin les saveurs de la sève

et, n’étant pas pressé,

défraie jusqu’au soir la chronique.

 

où le flâneur est tancé vertement

 

Étienne Faure, Légèrement frôlée, Champ Vallon, 2007, p. 106 et 26.

© photo Tristan Hordé