16/09/2012
Edmond Jabès, Aely
Le livre
L'ombre a, pour passé, la lumière et la clarté, l'ombre.
Quel que soit le chemin que nous empruntions, le passé brasille au loin, tel d'une bougie, le dernier bout libre de la mèche.
Nous retrouvons la chandelle quittée, le temps d'une lecture.
Le livre est le lieu de ces allers et retours ampliatifs.
... de la nuit à la nuit, c'est-à-dire de l'en deçà à l'au-delà du passé.
Je fais une œuvre qui, instantanément, se refait dans le livre.
Cette répétabilité est celle de sa propre respiration, comme elle est celle de la reduplication de chacun de ses signes.
Si inspirer consiste à remplir d'oxygène ses poumons, expirer serait donc les vider de vie, glisser dans le vide.
Ainsi, nous ne nous maintenons au monde que parce que nous consentons d'avance à mourir.
Edmond Jabès, Aely, Gallimard, 1972, p. 157-158.
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