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24/06/2014

Édith Boissonnas, L'embellie

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                      Emporté

 

Un  grand souffle et s'envolèrent les amitiés

Encombrantes, volèrent les livres suprêmes,

Tout ce qui retient et distrait fut sans pitié

Balayé en moi par un souffle de poème.

La nuit vint et je me sentais porté toujours,

La moindre brise était de plomb et combien lente.

Aucun repos où poussent, délicates plantes,

Les vanités folles, les échanges sucrés,

Que je voyais ailleurs partout et dans ma hâte

Parfois je piétinais d'un pas ivre, harassé,

Mais au couchant, de grandes ailes battent,

S'apaisent. Je me sens alors emprisonné.

 

Édith Boissonnas, L'embellie, Gallimard, 1966, p. 15.