Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/05/2019

René de Obaldia, Innocentines

rené de obaldia,innocentines,nom,homophonie,humour

Dimanche

 

Charlotte

Fait de la compote.

 

Bertrand

Suce des harengs.

 

Cunégonde

Se teint en blonde.

 

Épaminondas

Cire ses godasses

 

Thérèse

Souffle sur la braise.

 

Léon

Peint des potirons.

 

Brigitte

S’agite, s’agite.

 

Adhémar

Dit qu’il en a marre.

 

La pendule

Fabrique des virgules.

 

Et moi dans tout cha ?

Et moi dans tout cha ?

 

Moi, ze ne bouze pas

Sur ma langue z’ai un chat.

 

René de Obaldia, Innocentines,

Grasset, 1989, p. 81-82.

18/03/2012

René de Obaldia, Innocentines

 

200905061967_zoom.jpg

Le plus beau vers de la langue française

 

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »

Voici, mes zinfints

Sans en avoir l’air

Le plus beau vers

De la langue française.

 

Ai, eu, ai, in

Le geai gélatineux geignait dans le jasmin ...

 

Le poite aurait pu dire 

Tout à son aise :

«  Le geai volumineux picorait des pois fins »

Eh bien ! non, mes zinfints.

Le poite qui a du génie

Jusque dans son délire

D’une main moite

A écrit :

 

« C’était l’heure divine où, sous le ciel gamin,

LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN »

 

Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji.

Là, le geai est agi

Par le génie du poite

Du poite qui s’identifie

À l’oiseau sorti de son nid

Sorti de sa ouate.

 

Quel galop !

Quel train dans le soupir !

Quel élan souterrain !

 

Quand vous serez grinds

Mes zinfints

Et que vous aurez une petite amie anglaise

Vous pourrez murmurer

À son oreille dénaturée

Ce vers, le plus beau de la langue française

Et qui vient tout droit du gallo-romain :

 

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »

 

Admirez comme

Voyelles et consonnes sont étroitement liées

Les zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.

Admirez aussi, mes zinfints,

Ces gé à vif

Ces gé sans fin

Tous ces gé zingénus qui sonnent comme un glas :

Le geai géla... »Blaise ! Trois heures de retenue.

Motif :

Tape le rythme avec son soulier froid

Sur la tête nue de son voisin.

Me copierez cent fois :

Le geai gélatineux geignait dans le jasmin 

 

René de Obaldia, Innocentines, éditions Bernard Grasset,

1969, p. 158-160.