31/03/2017
Alexander Dickow, Rhapsodie curieuse (diospyros kaki)
[…]
III
Je disais : on ne connaît ni ne cherche le divers. On est, on est dedans un tel mélange de fatras de merveilles qu’on se prive mal d’y oublier un peu son mal et son manque.
Qu’on ne s’y perde pas, qu’on s’y abandonne. Il faut dire — oui, il faut dire ! faut dire que je préfère les rhapsodies aux sonates. Je veux aller au fil du vau-l’eau. Je suis bel et bien l’homme égaré qui ne sait où il va, ou encore :
« Tell me
Which is the way I take :
Out of what door do I go
Where and to whom ?
Je ne sais où je me trouve et me trouverai, pourquoi serais-je ici autrement ?
Alexander Dickow, Rhapsodie curieuse (diospyros kaki), Louise Bottu, 2017, p. 37.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexander dickow, indécision, rhapsodie, sonate, rhapsodie curieuse (diospyros kaki) | Facebook |
08/01/2016
Rachel Blau Duplessis, Brouillons — traduction Auxeméry
Brouillon 89 : Interrogatoire.
Tout cela, pourquoi en as-tu été touchée à ce point ?
La soif, d’aller ici, là, partout.
Et où va-t-on quand on part de là ?
Il n’était pas prévu que ce soit une impasse.
Es-tu prête ?
Jamais de ma vie.
Déclares-tu ici bien être l’auteur des termes que tu employais ?
Non, il y avait quelque chose qui dépassait l’idée d’auteur.
As-tu eu plaisir à déposer ?
C’est devenu une condition de mon travail.
En réponse à quoi, exactement ?
À deux mots, un de ses poèmes, jadis, ‘’cendres froides’’.
C’est arrivé quand ?
À moment donné, il y a longtemps, mais encore en ce moment.
En es-tu vraiment à ce point de désespoir ?
Dépend des fois, et d’où. Oui et non.
De quelle sorte de confession s’agit-il ?
Je ne fais pas de confession, j’expose seulement des faits.
Naïveté de ta part, non ?
Ça oui, je peux l’avouer.
Où en as-tu entendu parler ?
Sur la toile, dans l’air du temps, ici ou là.
Tu es à l’écoute, mais comme de façon surnaturelle.
Elle, quand je l’ai entendu en parler, c’est comme si moi, j’en avais parlé.
La déclaration que tu as faite était donc exacte ?
Je ne sais pas ; c’est une déclaration venue d’ici ou là
Il y a trop de vague dans tout ça : ici ou là, jadis ou maintenant.
Je ne fais que donner les réponses, c’est toi qui poses les questions.
Mais ton opinion réelle, elle ne peut pas se résumer à ça.
Je ne veux pas renoncer à la poésie —
Et elle, elle n’a perdu tout espoir en l’écriture...
mais moi, c’est tous les jours que la poésie m’exaspère.
Pourquoi dis-tu ça ? C’est faire du sentiment, apparemment.
Adéquation entre langue telle que produite, et telle que reçue.
Peut-on savoir ce qu’on risque de trouver là, finalement ?
Quelqu’un d’entortillé dans un auto-interrogatoire.
[...]
Rachel Blaud Duplessis, Brouillons, traduit par Auxeméry
avec la collaboration de Chris Tysh, Corti, 2013, p. 217-218.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rachel blau duplessis, brouillons, auxeméry, interrogatoire, indécision, question, réponse | Facebook |