05/11/2013
Christine Caillon, Kikie Crêvecœur, Autobiographie en arbres
Bernini, Apollon et Daphné
il y a la taille mince du cyprès
les glands du chêne
noirs
gommeux
la peau de Daphné avant le laurier
me paradis perdu — paraît-il —
un jardin
il y a la fleur de grenadier
la gouge rouge
qui éclate et défigure comme
un vœu —
on peut toujours rêver
il y a le grenadier — toujours lui
comme un champ de coquelicots
en plein ciel
mais la pointe assassine
par-delà le bois de promesse
j'entends les bancs les charpentes,
les feuilles, ma feuille — les forêts d'allées de bois
il y a la pierre pour soulever le sol — voir
sentir — griffer —
entailler l'arbre
pour faire du temps autre chose que du vent
l'idée d'arbre commence par la forme
pour la comprendre
il faut la couvrir d'empreintes, la sentir,
le nez à la place des mains
il faut humer son regard
c'est la seule façon
jusqu'où sommes nous capables de ne pas
voir
Christine Caillon, Kikie Crêvecœur, Autobiographie
en arbres, préface de Jean-Louis Giovannoni, La
Pierre d'Alun, 2013, p. 13-14.
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