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25/07/2011

Jules Renard, Journal, 1887-1910

 

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Je ne réponds pas d’avoir du goût, mais j’ai le dégoût très sûr.

 

Quelle que soit la littérature, c’est toujours plus beau que la vie.

 

C’est déjà bien joli, de ne pas faire le mal. S’il fallait encore ne jamais penser à mal !

 

Votre mari n’a rien. Il croit qu’il est malade, dit le médecin anglais.

Quelques jours après, pleine de confiance en ce grand médecin, elle vient lui dire :

   Mon mari croit qu’il est mort.

 

L’Histoire n’est qu’une histoire à dormir debout.

 

De mon village je peux regarder l’âme humaine et la fourmi.

 

J’aime, j’aime, certainement j’aime, et je crois aimer ma femme d’amour, mais, de tout de que disent les grands amoureux : Don Juan, Rodrigue, Ruy Blas, il n’y a pas un mot que je pourrais dire à ma femme sans rire.

 

Les discussions les plus passionnées, il faudrait toujours les terminer par ces mots : « Et puis, nous allons mourir. »

 

Une mouche est plus sale en hiver qu’en été. Il semble qu’elle soit restée là, non à cause de la chaleur, mais à cause de notre odeur de pourriture.

 

La vieillesse arrive brusquement, comme la neige. Un matin, au réveil, on s’aperçoit que tout est blanc.

 

 

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, texte établi par Léon Guichard et Gilbert Sigaux, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1977, p. 647, 654, 657, 659, 665, 670, 701, 703, 706, 709.