26/04/2022
Edmond Jabès, Le Livre des Marges
V’herbe
Écrire, pour moi, aura consisté, jour après jour, à sauvagement arracher du sol, herbe et racines intruses ; puis à refuser de fertiliser mes terres en les écobuant.
Aucune survie dans cette mort-là ; mais une sur-mort impitoyable.
Mettre en cause les jardins, c’est mettre en cause ce qui flatte l’odorat et le regard.
Point de parfum dans le désert ; point d’enchantement ; mais l’âcre odeur de l’éternité spoliée, la désaffection des formes glorieuses ; la mise en accusation de l’œil.
Tous les moments de la vie ont leur parfum. Sortie du corps, la vie ne sent plus rien.
(...)
Edmond Jabès, Le Livre des Marges, Biblio/Essais, 1984, p. 105.
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