Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/11/2018

Rolando Alberti, Magique, extrêmement

              Rolando-Alberti-300x300.png

Érection

 

De petits flocons de neige

descendent du ciel gris

fondant à terre comme de petits désirs.

Tu es mon petit flocon de neige

une pente sans terre

un regard sans rencontre.

Être qui vécut dans ma petite éternité

voyageant dans les méandres comme la prière d’un dieu,

pensée qui devient chair

comme l’acte fécondateur

déesse ensorceleuse qui te montra dans l’autre

à l’homme en marche noyé dans les océans du temps.

 

Rolando Alberti, Magique, extrêmement, traduit de l’italien

par François Bordes, dans L’étrangère, n° 47-48, automne 2018, p. 167.

 

11/04/2013

Jean Ristat, Artémis chasse à courre le sanglier, le cerf et le loup

images-1.jpeg

La chasse du loup

 

À cette heure incertaine où l'obscur dispute

Au jour son royaume la déesse repue

Rappelle ses valets avant que de céder

Au sommeil tous les oiseaux se sont tus et les

Pâles enfants des hommes tremblent dans leurs draps blancs

Lorsqu'un rêve très ancien vient les visiter

À la vitre étoilée de la chambre l'ombre

Bleue de la bête qui regarde et attend

 

                         *

 

À l'enclume de la nuit apollon martèle

La lune vieille casserole cabossée

Et blanchie aux feux ronflants de l'empire des

Morts voici l'heure des métamorphoses et des

Enchantements Ô théâtre où tout s'échange et

Se déplie les mots comme fleurs de papier

     

                         *

 

Elle qui fait pleuvoir des plumes d'argent pour

Son apothéose portée comme un os

Tensoir sur le brancard du ciel montre son ventre

Rond de vierge engrossée par le vent à tout

L'univers comme une lanterne magique et

Darde lumineuse ses flèches innombrables

 

                         *

 

Par les orbites décavées de sa tête

Grottes profondes sortent les loups tour à tour

Dévalant les toboggans de ses rayons comme

Des pistes neigeuses et pentues à vertige et

Culs par-dessus têtes tombent dans les bruyères

 

[...]

 

Jean Ristat, Artémis chasse à courre le sanglier, le cerf et le loup,

Gallimard, 2007, p. 43-44.