29/12/2024
Paul Valéry, Tel quel
Sincérité
La sincérité voulue mène à la réflexion, qui mène au doute, qui ne mène à rien.
Les humains supplient silencieusement les humains de leur dire ce qu’ils ne pensent pas. Dites-nous ce que nous souhaiterions entendre ! Dites-moi quelque chose d’aimable, chantent les yeux.
La clarté dans les choses non pratiques résulte toujours d’une illusion.
L’ignorance vacille entre extrême audace et timidité.
Un état bien dangereux : croire comprendre.
Paul Valéry, Tel quel, dans Œuvres, II, Pléiade/Gallimard, 1960, p. 494, 494, 496, 496, 497.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Valéry, Paul | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valéry, tel quel, sincérité, illusion, croire | Facebook |
17/07/2023
Joseph Joubert, Carnets
Toutes ces règles, ces méthodes apprennent bien à en parler, mais elles ne les donnent pas.
Il y a dans le visage quelque chose de lumineux qui ne se trouve pas dans les autres parties du corps.
…Ils aiment mieux qu’on leur donne à croire qu’à comprendre.
Il n’y a dans ce que les hommes ont pensé que quelques sommets, quelques points dominants. Le reste n’est que leur échelle, échelle que le temps a mise en pièces ; et les pièces en sont perdues, anéanties. Quand même on les retrouverait, qu’en ferait-on, qu’un échafaudage ?
Et cependant la faculté d’aimer, de voir…, se forme en s’essayant sur ces nuées que l’imagination se forge.
Joseph Joubert, Carnets, Gallimard, 1994, p. 311, 324, 325, 327, 351.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Joubert, Joseph | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph joubert, méthode, visage, croire, comprendre, imaginer | Facebook |
17/12/2018
Francis Jammes, Clairières dans le Ciel
Ne crois pas à ce qu’on te dit
Ne crois pas à ce qu’on te dit, ô jeune fille.
Ne t’en va pas chercher l’amour, car il n’est point.
L’homme est dur, l’homme est laid, et ta grâce craintive
déplaira tôt ou tard à ses grossiers besoins.
Il ne fait que mentir. Il te laissera seule,
au coin du feu, avec les enfants à soigner.
Et tu te sentiras vieille comme une aïeule,
les jours qu’il tardera à revenir souper.
Ne crois pas que l’amour existe, jeune fille :
mais va dans le verger où l’azur pleut à verse,
et regarde, au cœur noir du rosier le plus vert,
cette araignée d’argent qui vit seule et qui file.
Francis Jammes, Clairières dans le ciel,
Poésie / Gallimard, 1980, p. 109.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis jammes, clairières dans le ciel, croire, mentir, jeune fille | Facebook |