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01/05/2022

Francis Ponge, Pratiques d’écriture ou l’inachèvement perpétuel,

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   Chaque mot a beaucoup d’habitudes et de puissances ; il faudrait chaque fois les ménager, les employer toutes. Ce serait le comble de la « propriété dans les termes ».

   Mais tout mot est obscur s’il voile un coin du texte, s’il fascine comme une étoile, s’il est trop radieux.

   Il faudrait dans les phrases les mots composés à de telles places que la phrase ait un sens pour chacun des sens de chacun de ses termes. Ce serait le comble de la « profondeur logique dans la phrase » et vraiment « la vie » par la multiplicité infinie et la nécessité des rapports.

   C’est-à-dire que ce serait aussi le comble du plaisir de la lecture pour un métaphysicien.

   Et la cuisinière à sa façon pourrait la trouver agréable. Ou comprendre.

   La règle de plaire serait ainsi autant que possible obéie, ou le désir de plaisir satisfait.

 

Francis Ponge, Pratiques d’écriture ou l’inachèvement perpétuel, Hermann, 1984, p. 40.