10/02/2025
Jules Supervielle, Œuvres poétiques complètes
Mouvement
Ce cheval qui tourna la tête
Vit ce que nul n’a jamais vu
Puis il continua de paître
À l’ombre des eucalyptus.
Ce n’était ni homme ni arbre
Ce n’était pas une jument
Ni même un souvenir de vent
Qui s’exerçait sur du feuillage.
C’était ce qu’un autre cheval,
Vingt mille siècles avant lui,
Ayant soudain tourné la tête
Aperçut à cette heure-ci
Et ce que nul ne reverra,
Homme, cheval, poisson, insecte,
Jusqu’à ce que le sol ne soit
Que le reste d’une statue
Sans bras, sans jambe et sans tête.
Jules Supervielle, Gravitations, dans
Œuvres poétiques complètes,Pléiade / Gallimard,
1996, p. 173.
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