13/11/2024
Shakespeare, Sonnets et autres poèmes
Sonnet 73
Tu peux saisir en moi ce moment de l’année
Où des feuilles jaunies, quelques-unes, aucune,
Pendent à ces rameaux qui tremblent dans le froid
Chœurs doux et en ruine où les oiseaux chantaient.
En moi tu vois le crépuscule de ce jour
Qui au soleil couchant s’éteint à l’occident,
Que petit à petit emporte la nuit noire,
Sœur de la mort, qui scelle tout dans le repos.
En moi tu vois le rougeoiement d’un feu
Qui repose sur les cendres de sa jeunesse
Comme sur le lit de mort où il doit expirer,
Consumé par ce qui avait nourri sa flamme.
Tu perçois cela qui rend ton amour plus fort,
Pour mieux aimer ce qu’il te faut quitter.
Shakespeare, Sonnets et autres poèmes, traduction
Jean-Michel Déprats, Gallimard, Pléiade, 2021, p.393.
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