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14/11/2024

Shakespeare, Sonnets et autres poèmes

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                      Sonnet 88

 

Quand tu seras enclin à me sous-estimer,

À moquer mes mérites au vu et au su de tous,

Je combattrai de ton côté contre moi-même,

Je te dirai constant, bien que tu sois parjure.

De ma propre faiblesse instruit mieux que quiconque,

En ta faveur je puis continuer le récit

De ces fautes cachées dont je suis souillé,

Si bien que tu auras grande gloire à me perdre ;

Et en cela je serai moi aussi gagnant,

Car, tournant toutes mes pensées d’amour pour toi,

Des coups que je m’inflige à ton profit,

Je tire double motif puisqu’ils t’avantagent.

    Car tel est mon amour : je t’appartiens si fort

    Qu’en te donnant raison je porte tous les torts.

 

Shakespeare, Sonnets et autres poèmes, traduction

Jean-Michel Déprats, Gallimard, Pléiade, 2021, p. 423.

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