20/10/2023
Étienne Faure, Vues prenables
À chaque alliance, premier lit, remariage,
la peau des murs avait changé,
ici offrant l’illusion du feuillage
d’une toile de Jouy inspirée des fêtes
à la campagne où le motif s’organise
en chemins, en rivières,
où court une tige fleurie sur un fond picoté
que les fabricants avaient reproduit maintes fois,
au bout du siècle effeuillé près du lit.
Parmi les vases, cassolettes, chandeliers, lampes,
on vivait volets tirés dans la pénombre
pour ne pas abîmer les tentures
et que les papiers peints ne passassent
trop vite
il y avait bien cachés dans les ramures
des souvenirs au matin réveillés, tête lourde,
en lés répétés où dormait le pavot
et les vies imprimées là, sans raccords.
la peau des murs
Étienne Faure, Vues prenables,
Champ Vallon, 2009, p. 83.
Photo T.H., 2012
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