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04/05/2022

Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux

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XXXVII

 

Comme un énorme barbouillis de flamme

le soleil couchant s’attarde dans les rues figées.

Il vient de loin un vague sifflement dans le soir très calme.

Ce doit être celui d’un train au loin.

 

En ce moment il me vient une vague mélancolie

et un vague désir paisible

qui paraît et disparaît.

 

Parfois aussi, au fil des ruisseaux,

il se forme sur l’eau des bulles

qui naissent et se défont —

et elles n’ont d’autre sens

que d’être des bulles d’eau

qui naissent et se défont.

 

Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux,

traduction Armand Guibert, Gallimard,

1950, p. 103-104.

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