Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/01/2022

Léon-Paul Fargue, Espaces

fargue-pieton.png

         Gammes

 

Voix dans la chambre à côté

Derniers doigts de la musique

Longue et bleue comme une route

Saurez-vous y dépister

L’immense larme qui sonne

À l’évent de ma cachette

Et que j’attends chaque soir ?

Un petit point s’il vous plaît

Sur ma page de douleur.

La ville ouvre ses compas,

Ses couleurs, ses tire-lignes.

Sur les grèves étrangères

L’homme à l’encre sympathique

Contemple avec méfiance

Les signes de son bonheur.

Hachures de chairs qui dansent

Aux confins de la rumeur,

Cette allure verticale,

Ce saut interrogateur

Dans les rues qui se démaillent

Piétinées par les troupeaux

Que faisande le menteur,

Esprits voleurs de chapeaux,

Fantômes de caravanes,

De fatagins, de marmoses,

De réincarnés précoces,

De transfuges de la mort,

Transmissions sans ressorts

Dans les pièges osmotiques,

Dans la bouche des boutiques,

Dans la bouche de l’amour...

(...)

Léon-Paul Fargue, Espaces, Gallimard,

1929, p. 13-14.

 

Les commentaires sont fermés.