11/12/2019
Aragon, Elsa
Je n’ai plus l’âge de dormir
J’écris des rimes d’insomnie
Qui ne dort pas la nuit s’y mire
Signe couché de l’infini
Qui ne dort pas veiller lui dure
Des semaines et des années
Sa bouche n’est qu’un long murmure
Dans la chambre des condamnés
Je suis seul avec l’existence
Bien que tu sois à mon côté
Comme un dernier vers à la stance
Jusqu’au bout qu’on n’a point chanté
Ce qui m’étreint et qui me ronge
Soudain contre toi m’a roulé
Je retiens mon souffle et mes songes
Je crains d’avoir soudain parlé
Je crains de t’arracher à l’ombre
Et de te rendre imprudemment
À la triste lumière sombre
Qui ne t’épargne qu’en dormant
(...)
Aragon, Elsa, dans Œuvres poétiques
Complètes, II, Pléiade/Gallimard,
1959, p. 329-330.
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