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29/12/2018

Léon-Paul Frague, Espaces

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Nuées

              À Catherine Pozzi

 

Non, rien, ce n’était pas lui,

C’est bon, je ne suis pas sourd.

Il ne vient pas tous les jours

Il n’a pas toutes ses nuits

Dans le dortoir éternel

Où se cherchent les amis

Sous la grande lueur sage.

La vertu qui fait sa route,

Où se perchent les visages

Des témoins de sa jeunesse,

Tourne ses pépins couchés

Dans le rond de la paresse.

La bête sort du pertuis,

L’homme caché dans l’étui

Se souvient de la tendresse,

Cette avance douce et fraîche,

Ce faufilement perché

Qui tinte dans le chéneau

Sur la vitre et sur le mur

Et retentit dans la cour

Comme une réplique obscure,

Ni l’erreur d’une souris

Ni la gratte d’un oiseau

Ne feraient cette écriture,

Ni la main du bien aimé…

Non, c’est le filet rêveur

Qu’ils jettent sans espérance

Sur la chauffe de la boule

Sur le vieux tombeau qui roule

Sur les hommes qui sécrètent

Dans leur sablier de chair

À travers le temps qui trame

Et qui ferme ses yeux bleus

Sur le métier de la ville.

(…)

 

Léon-Paul Fargue, Espaces, Gallimard,

1929, p. 115-116.

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