21/03/2018
H(ilda) D(oolittle), Le jardin près de la mer
Nuit
La nuit a séparé
l’un de l’autre
et recroquevillé les pétales
sur le dos de la tige
et dessous en rangs crépus :
dessous, sans défaillir,
dessous, jusqu’à ce que les peaux se fendent,
et sur le dos de la tige, jusqu’à ce que chaque feuille
s’en détache à force de pencher ;
dessous, avec sévérité,
dessous, jusqu’à ce que les feuilles
soient recourbées,
jusqu’à ce qu’elles tombent sur le sol,
courbées jusqu’à ce qu’elles soient brisées.
Ô nuit,
tu prends les pétales
des roses dans ta main,
mais tu laisses le cœur nu
de la rose
périr sur la branche.
H(ilda) D(oolittle), Le jardin près de la mer, traduction
Auxeméry, Orphée/La Différence, 1992, p. 99.
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