27/10/2017
Jean Paulhan, Braque le patron
Braque dans ses propos
Il est un peu voûté. Il poursuit à la fois dix ébauches, dont les unes posent sur des chevalets, les autres à terre sur des sortes de grils. Il déplace parfois une feuille morte, une patte de crabe, un squelette de lézard, qui attendaient quoi sur leur table ? Il retouche. Il émonde. Comme un jardiner entre ses plantes.
Ou comme un éleveur entre ses bêtes, non sans timidité. Il s’y prend de mille façons. Je l’ai vu dessiner à la craie sur un tableau noir. Un jour, je l’ai même surpris qui reportait sur son panneau des mesures. Il n’avait pas l’air de s’amuser.
Quand une toile vient mal, il l’allonge par etrre. Ce n’est pas pour la piétiner. C’est pour la voir de haut.
Jean Paulhan, Braque le patron, Gallimard, 1952, p. 35-36.
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