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06/12/2015

Rainer Maria Rilke, Pour te fêter (Pour Lou Andreas Salomé)

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 Rilke avec Lou Andreas Salomé en Russie, 1897

 

                                           Pour Lou Andreas Salomé

Lorsque parfois dans mon souvenir

je compare une rencontre à l’autre :

tu es toujours la femme riche qui donne

tandis que je suis le mendiant indigent.

Lorsque tu viens à ma rencontre doucement,

et, à peine souriante, lèves soudain,

de tes vêtements, ta main,

belle, brillante, fine... ;

dans la sébile tendue de mes mains,

tu la déposes gracieusement

comme un présent.

 

                                   *

 

Je continue de marcher, solitaire. Au-dessus de moi,

je sens le printemps frémir dans les branches.

Un jour, je viendrai, avec des sandales sans poussière,

attendre aux grilles du jardin.

 

Et tu viendras quand j’aurai besoin de toi,

et tu prendras mon hésitation pour un signe,

et silencieusement tu me tendras les roses épanouies de l’été

des tout derniers buissons.

 

Rainer Maria Rilke, Pour te fêter, traduction Marc de Launay, dans Œuvres poétiques et théâtrales, sous la direction de Gérald Stieg, Pléiade / Gallimard, 1997, p. 647-648, 650.

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