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05/12/2014

Conversations de Gœthe avec Eckermann

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                                  Gœthe par Josef Stieler

 

Francfort, samedi 24 avril 1830

 

   Vers onze heures, j'ai fait une promenade autour de la ville et par les jardins, du côté du mont Taunus. Je me suis délecté à la vue de ce beau pays et de cette superbe végétation. Avant-hier, à Weimar, les arbres étaient encore en plein bourgeonnement ; ici, j'ai trouvé les pousses des châtaigniers longues d'un pied, et d'un quart de coudée celles des tilleuls ; la frondaison des bouleaux était d'un vert sombre, les chênes avaient tous leurs bourgeons éclatés. J'ai vu l'herbe déjà haute d'un pied ; aux portes de la ville, je rencontrai des jeunes filles qui rapportaient de lourds paniers remplis d'herbe.

   J'ai marché à travers les jardins pour jouir d'une vue plus libre sur le Taunus. Il soufflait un vent plutôt vif, les nuages, venant du sud-ouest, filaient dans la direction du nord-ouest et projetaient leurs ombres sur la montagne. Entre les jardins, j'ai vu des cigognes se poser et repartir, ce qui, éclairé par les rayons du soleil entre les nuages blancs et le ciel bleu, offrait un bel aspect et complétaient le caractère du paysage. À mon retour, j'ai croisé en passant sous la Porte un troupeau de belles vaches, noires, brunes, blanches, tachetées, au poil lisse et brillant.

 

Conversations de Gœthe avec Eckermann, traduction de Jean Chuzeville, préface de Claude Roëls, Gallimard, 1983 [1949], p. 346-347.

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