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29/05/2013

Georg Heym [1887-1912], Berlin III

 

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                              Berlin III

 

Des cheminées se dressent de proche en proche

Dans le jour hivernal et supportent son poids.

Autour du palais noir du ciel toujours plus sombre,

Brûle, comme un gradin d'or, sa muraille basse.

 

Au loin entre des arbres chauves, maintes maisons,

Hangars et palissades, où rapetisse la ville du monde,

Tandis qu'un train de marchandises, long et lourd,

Se traîne avec peine sur des rails verglacés.

 

Noir, dalle contre dalle, émerge un cimetière de pauvres,

Les morts contemplent le crépuscule rougeâtre

De leur trou. Et il a un goût de vin corsé.

 

Ils sont trois à tricoter le long du mur,

Casquettes de suie à l'os temporal

Parés pour la Marseillaise, le vieux chant des assauts.

 

Georg Heym, traduction de l'allemand de Raoul de Varax,

dans NUNCn° 28, octobre 2012, éditions de Corlevour, p. 117

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