21/02/2013
André Frénaud, Les Rois mages
Pays perdu
Mon pays d'enfance,
oh ! si loin de moi !
Ô sillon parallèle
quand je te revois, bête
sans croupe ni crinière.
Les jardins maraîchers,
les remblais du canal,
bâtiments ferroviaires,
les vieillards presbytes,
la cloche du presbytères,
le veuf sort de l'épicerie,
s'en va au cimetière,
les garçons et les filles.
Mais où donc est-il ?
Qui me conduira ?
... Il y avait une voiture à cheval
encapuchonnée, certain tintement.
Au détour de la crête, le château disparaît,
en tuiles grise, et le vent de bruine
le vêt, d'osier et des fleurs du sureau.
Le mordu ricane derrière le mur.
Seul je vois l'oiseau dans la mousse,
aux pattes velues... Il faut dormir.
J'ai entendu un cri... Le tonnerre
assombrit la carriole.
En vain j'attends dans la boue noire,
pays de houille et de mamelons niais.
Ici, il n'y a plus d'autrefois.
André Frénaud, Les Rois mages, suivi de L'Étape
dans la clairière, Poésie Gallimard, 1987, p. 52-53.
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