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25/10/2012

Raymond Queneau, Le Chien à la mandoline

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De l'information nulle à une certaine espèce de poésie

  

C'est bien vrai qu'il faut dire il neige quand il neige

c'est comme ça que l'on se fait comprendre

c'est en disant qu'il neige quand il neige que

c'est agréable de faire la conversation avec des gens qui disent que

c'est le temps qui veut ça qu'il neige quand il neige

c'est comme ça qu'on vit en société sans difficultés aucune et

c'est comme ça qu'on se fait des amis et

c'est si facile de dire qu'il neige quand il neige

plutôt que de dire il pleut

 

en effet

c'est prétentieux de dire qu'il pleut s'il neige

mais où la poésie va-t-elle se nicher dans tout ça ?

dans un flocon

dans un flocon de neige

arrosé de marsala

un jour d'été sur la grève

d'une plage au Sahara

où si l'on dit : « tiens... mais il neige...»

c'est un peu au hasard...

                   comme ça...

 

Raymond Queneau, Le Chien à la mandoline, "Le Point du jour",

Gallimard, 1965, p. 108-109.

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