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06/06/2012

Louise Warren, Bleu de Delft : Archives de solitude

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 Déchirure

                  

                       Nous sommes dans la déchirure. On peut vire aussi dans la déchirure.

                                                     Henri Bauchau

 

   Alors que notre vie est faite d'efforts de réconciliation, de pardon, la littérature, elle, permet non seulement la déchirure, mais elle la reconnaît.

 

Dessaisissement

 

   La poésie serait la forme la plus libre de la mystique. Le dessaisissement son plus proche voisin.

 

Enfant

 

   J'ai trois ans et on emporte ma joue.

 

Fable

 

   Je reconduis les cerceaux et les paupières dans le même été, le même ciel. Il n'y a ni animaux ni bol de lait, seulement les fragments.

 

Fougère

 

   Entre mes mains et la fougère, le feuille se froisse, pleine de jour.

 

Livre

 

   Du don que nous font les livres, nous nous devons d'en garder l'esprit, la source vive. Ainsi je crée, plongée dans le paysage qui se prolonge tout autour de moi, avec ce qu'il porte, avec l'essence, l'énergie qui existe entre l'espace et le vide, entre le pas, l'objet, le nuage.

 

Matière

 

   Ce que je lis, je pourrais le comparer à du compost. De la philosophie, de la poésie, des albums pour enfants, des essais, des mystiques, des baroques, tout cela j'en suis certaine se dépose au fond de moi, se mélange à ma langue.

   J'ai toujours cru que cette matière invisible que vous laisse la lecture s'organise, se transforme, afin de se préparer au lent travail de transfiguration que produit la pensée.

  

Louise Warren, Bleu de Delft, Archives de solitude, Montréal, éditions Trait d'union, 2001, p. 29, 30, 33, 36, 40, 67, 69.

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