06/04/2015
William Carlos Williams, Un Jeune Martyr
Hymne à l’amour qui s’achève
(traduction imaginaire de l’espagnol)
Par quels excès de la passion t’a-t-il fallu
passer, Sappho, pour parvenir à la paix
du chant immortel ?
Comme après une maladie, comme après la sècheresse
les ruisseaux libres de couler
remplissent les champs de fraîcheur
les oiseaux boivent à chaque branche
et des bêtes sortent de chaque trou —
mugissement, chant de l’euphorie à l’adresse
des couleurs d’un monde qui s’éveille.
Ainsi
après l’amour une musique le submerge.
Car qu’est-ce que l’amour ? Mais la musique c’est
Villon battu et chassé
Shakespeare sortant de la grotte de la sagesse
pour poser sur le monde un regard dubitatif
Alighieri recommençant tout
Goethe qu’une rose a pris au piège
Li Po l’ivrogne, des chanteurs que
l’amour a vaincus —
Les oiseaux eux-mêmes et les bêtes au soyeux pelage
appartiennent à cette compagnie ainsi que
tous ceux qui le souhaitent — quand l’amour s’achève
à l’éveil d’un chant plus doux.
William Carlos Williams, Un Jeune Martyr, suivi de Adam et Ève
et la Cité, traduction et présentation de Thierry Gillybœuf, La Nerthe, 2009, p. 38.
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27/03/2013
William Carlos Williams, Un Jeune Martyr
Le fermier
Le fermier absorbé dans ses pensées
marche à grands pas sous la pluie
au milieu de ses champs désolés, les
mains dans les poches,
la moisson déjà plantée
dans sa tête.
Un vent froid ridule l'eau
dans les herbes brunies.
De tous côtés
le monde s'en va roulant froidement :
vergers noirs
assombris par les nuages de mars _
laissant place à la pensée.
Par delà les taillis
hérissés près
de la voie ferrée lavée par la pluie
apparaît la silhouette artistique
du fermier — qui compose
— antagoniste
William Carlos Williams, Un Jeune Martyr, suivi de Adam
et Ève et la Cité, traduction de Thierry Gillybœuf, La Nerthe,
2009, p. 54.
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02/01/2012
William Carlos Williams, Tableaux d'après Bruegel
Chant
tu es à jamais Avril
pour moi
l'éternel indécis
forsythia blonde
jeune fille
aux jambes bien droites
à qui ignorant
comme je l'étais
j'apprenais
à lire les poèmes
mes bras
autour de ton cou
nous nous serrâmes
dange-
reusement
plus qu'une jeune
fille
n'aurait dû
un restant de gelée
saisit
des fleurs jaunes
au printemps
de l'année
Poème
La rose se fane
et puis renaît
de sa graine, naturellement
mais où
sinon à l'abri du poème
ira-t-elle
pour que sa splendeur
ne s'altère
William Carlos Williams, Tableaux d'après Bruegel,
traduit de l'américain et présentés par Alain Pailler,
éditions Unes, 1991, p. 53 et 57.
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