04/10/2011
Wilhelm Müller-Franz Schubert, Voyage d'hiver - Winterreise
Bonne nuit
Étranger je suis venu,
Étranger je repars.
Le mois de mai m’accueillait
Avec des fleurs à profusion.
La jeune fille parlait d’amour
La mère plutôt de mariage.
À présent le monde est si terne,
Le chemin recouvert de neige.
Je ne puis choisir le moment
De mon voyage,
Je dois trouver moi-même
Le chemin dans cette obscurité.
Sous la lune mon ombre
Me tient compagnie,
Et sur les branches étendues
Je cherche la trace du gibier.
Pourquoi m'attarder plus longtemps
Et me faire chasser ?
Laisse les chiens furieux hurler
Devant la maison de leur maître ;
L’amour aime à passer —
Dieu l’a voulu ainsi —
De l’un à l’autre,
Ma chérie, bonne nuit !
Je ne veux pas troubler tes rêves,
Ce serait dommage pour ton repos.
Il ne faut pas que tu entendes mon pas —
Doucement, doucement, je ferme la porte.
En passant j’écris pour toi
Sur le portail : Bonne nuit,
Pour que tu puisses voir
Que j’ai pensé à toi.
Gute Nacht
Fremd bin ich eingezogen,
Fremd zieh ich wieder aus,
Der Mai war mir gewogen
Mit manchem Blumenstrauß.
Das Mädchen sprach von Liebe,
Die Mutter gar von Eh.
Nun ist die Welt so trübe,
Der Weg gehüllt in Schnee.
Ich kann zu meiner Reisen
Nicht wählen mit der Zeit,
Muss selbst den Weg mir weisen,
In dieser Dunkelheit.
Es zieht ein Mondenschatten
Als mein Gefährte mit.
Und auf den weißen Matten
Such ich des Wildes Tritt.
Was soll ich länger weilen,
Dass man mich trieb’ hinaus,
Lass irre Hunde heulen
Vor ihres Herren Haus.
Die Liebe liebt das Wandern,
Gott hat sie so gemacht,
Von Einem zu dem Andern,
Fein Liebchen gute nact.
Will dich im Traum nicht stören,
Wär schad um deine Ruh,
Sollst meinen Tritt nicht hören,
Sacht, sacht, die Türe zu.
Schreib im Vorübergeren
Ans Tor dir : Gute Nacht,
Damit du mögest sehen,
An dich hab ich gedacht.
Franz Schubert, Voyage d’hiver [Winterreise], Cycle de lieder sur des poèmes de Wilhelm Müller, traduits par Frédéric Wandelère, interprété par Stephan Genz (baryton), Michel Dalberto (piano), Essai de Jean Bollack, Notes de Paul-André Demierre, La Dogana, Genève, 2011, p. 28-31.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : franz schubert, wilhelm müller, voyage d'hiver, winterreise | Facebook |