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19/10/2021

Robert Creeley, Dire cela

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Après Lorca

 

L’Église aime les affaires, et les riches

sont des hommes d’affaires.

 

                           Quand ils sonnent les cloches, le

pauvre accourt et quand un pauvre meurt,

il reçoit une croix

de bois, et ils expédient la cérémonie.

 

Mais quand un homme riche meurt, ils

 promènent le saint sacrement

et la croix den or, et doucement, doucement

jusqu’au cimetière.

 

Les pauvres aiment

et pensent c’est fou.

 

Robert Creeley, Dire cela, traduction Jean Daive,

NOUS, 2014, p. 62.

17/10/2013

Vélimir Khlebnikov (1885-1922), "Ladomir", dans Choix de poèmes

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                   Ladomir

 

Ces châteaux du mondial mercantilisme

où brillent les entraves de la pauvreté,

un jour, extase et joie mauvaise sur ta face,

tu vas les réduire en cendres.

Toi, que les vieux débats ont épuisé,

qui as ta chambre de torture dans les étoiles,

apporte dans ta main la poudre détonante,

invite le palais à  exploser.

Quand Dieu lui-même ressemble à une chaîne —

larbin des riches — où est ton couteau ?

 

Larbin servile des riches, kss, kss, kss !

Les pauvres s'excitaient, en te faisant la nique.

Comme un mendiant tu rampais vers le roi

et tu baisais ses lèvres.

Souffrant d'une sublime plaie,

déverrouillant les halos d'incendie,

tire la moustache du Verseau,

tape sur l'épaule de la constellation des Chiens !

[...]

 

Quand Dieu lui-même ressemble à une chaîne —

larbin des riches — où est ton couteau ?

En avant, forçats de la terre,

en avant, proie de la faim.

L'un travaille dans la poussière,

le malin engrange le grain.

En avant, forçats de la terre,

en avant, liberté d'avoir faim.

Quant à vous, rois de la vente,

on vous laisse vos yeux — pour pleurer.

 

Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes, édition bilingue,

traduit du russe par Luda Schnitzer, Pierre Jean Oswald,

1967, p. 157 et 159.