18/05/2021
Marina Tsvétaïéva, Averse de lumière
Pasternak et le quotidien
Quotidien. Mot pesant. Les quintaux du quotidien. Je ne le supporte que suivi par : des nomades. Le quotidien — c’est un chêne avec, sous le chêne, un banc (autour du tronc) et sur le banc un grand-père, qui hier encore était petit-fils, et un petit-fils, qui demain sera grand-père. Chaînes du quotidien, quotidien du chêne massif. Résistant, écrasant, instable. On en viendrait presque à oublier que le chêne, l’arbre de Zeus, a droit plus souvent que d’autres à sa grâce : la foudre. Et s’il nous arrive de l’oublier complètement, pour nous sauver, à la dernière seconde, frappant nos fronts tauzins — la foudre : Byron, Heine, Pasternak.
Marina Tsvétaïéva, Averse de lumière, traduction Denise Yoccoz-Neugnot, Clémence Hiver éditeur, 1988, np.
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