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16/05/2016

Jaromír Typlt, Fragment B 101

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Fragment B 101

 

Deux bulles d’air comme enseigne

Gribouillées à la craie

Sur le crépi tout près de l’entrée :

Ici vit le délire.

 

Souriant il viendra vers moi le jour même où prendra sa folie.

Après quelques pas le sourire s’en ira,

de ma vie je n’ai vu personne aussi vite s’assombrir,

s’effondrer de sa face, s’oublier,

et figer son regard en lâchant tout à vau-l’eau

et des yeux d’effroi ébahis observer

combien ça augmente

augmente sans retenue.

Avant qu’une voix ne le brouille

en appelant son nom . Depuis la mort de sa mère

Franrisck vit seul dans la maison.

 

Par un couloir il me conduira

opinant à tout ce que je dis,

son pantalon trop lâche lui glissera des hanches

jusqu’en bas, vers l’aine toute noire

que d’un regard légèrement interdit

je devinerai

avant qu’il remonte sa culotte.

              

Plus tard je comprendrai où j’ai mis les pieds.

Chez lui tout est ordinaire, conduite et réponses.

Sauf le reste sans doute :

d’avoir pénétré dans sa maison sens dessus-dessous, sortons des affaires, taillons,

avant de nous asseoir devant un café

et de rigoler de nos blagues. Il fera semblant de tout approuver,

très volontiers,

trop,

mais avec un agacement perçant çà et là.

[…]

 

Jaromir Typlt, Fragments B 101, traduit du tchèque par Denis

Molcanov, dans NUNC, n° 38, février 2016, p. 113.